Cheylardois , collègien puis enseignant
Guy Segol
Pour lui la porte du Paradis ...
Je suis un collègien et j'aime le Bahut ; je me souviens de tous les instants que j'ai passés dans ses murs , j'ai pensé à lui tout au long de ma vie ... Mais depuis que tu m'as écrit ta vie d'interne je sais que le vrai collège je ne l'ai pas connu .
je n'ai pas vécu les longues nuits d'hiver quand il gelait dans les dortoirs , je n'ai pas eu faim certains soirs quand la louche ne ramenait plus rien du fond de la marmite , je ne suis pas resté des Dimanches à errer dans les couloirs déserts , je n'ai pas regardé avec envie mes camarades externes sortir en fin d'aprés midi pour " faire l'Esplanade " ... Mais je n'ai pas non plus mis avec quelque fierté cachée chaque matin la blouse grise de l'interne , je n'ai jamais participé au casse - croûte " clandestin " hebdomadaire entre " panqus " , je n'ai pas " bûché " mes maths en groupe dans la salle d'études , je ne suis jamais rentré avec envie à la maison aprés un mois d'absence pour serrer maman dans mes bras ...
Je n'ai rien connu de tout ça , je ne suis qu'un externe qui sait maintenant que la vraie vie du Collège commençait quand il en partait le soir .
Alors Guy , toi qui fus pendant huit ans un habitant du Collège , raconte moi encore ce que je n'ai pas vécu car tu sais que je l'aime beaucoup ton Collège , ton Bahut ...
Merci Jean - Paul
1948
Les internes " Maths - Philo "
Luc Boissel , Guy Segol , Yves Audigier , Henri Goy , Robert Marijon , Paul Delolme , Lecoute .
Des dix internes entrés en 1941 trois seulement firent normalement leur cursus . Les quatre autres copains sur la photo arrivèrent en seconde ou première .
La vie au Collège de 1941 à 1948
Les Cinquièmes 1943
Au grenier : Dancette , Dupré , De Montgros , Nercessian , Delolme , Segol , X , Ladreyt , Chaix
A l'étage : L'Hospice , Robert , Bénévise , Nury , Rougy , Souche , Roussillon , Teston , De Michaux
Rez de chaussée : X , Audigier , Monclar , Giraud , Léandri , Depras , Risson , Maisonneuve , Weiss , Bertagnolo
A la cave : Lieutard , Bébengut , Pichon , Lesbros , Sagi , Fressinet
Professeur : MM Cayré et Lacroux
Etage hirondelle : De Michaux , Souche , Lhospice , Segol , Delolme , Nercessian , Dupré , Roussillon , X
Entre deux eaux : Audigier , Maisonneuve , Weiss , Coste , Monclar , Duffaud , Blacher , Robert , Nury , Rougy
En sous l'eau : Ladreyt , Melles Depas et Léandri , Melles Metey , Sagi et Giraud
Sur le sable : X , X , X ( on cherche les noms )
Surveillant général : Monsieur Maurice Royer
Au perchoir : Rougy , Audigier , Robert , Roussillon , Monclar , Coste , Borne , Dumas , X , De Michaux , Conte , Souche
Au milieu : Maisonneuve , Nury , Bertagnolo , Dufaud , Rieu , Chambaud , Marijon , Lhospice , Oddou , Tselepoglou , Giorgi
Sur le banc : Segol , Delolme , Walter , Chaix , Gibert , Besengut , Sagi , Depras , Dupré , Dreys
Professeurs : Messieurs Bastian ( Anglais ) et Lacoste ( lettres )
En haut :Delolme , Dupré , Segol , Audigier , Rampa , Grasset , Jaubert
Au mileu : H. Bonnet , F.Crouzet , Marijon , Goy , Lecomte , Boissel , Géorgi , A.Etienne , S.Chazalon , Y.Reinier
En bas : R.Jamagotchian , Y.Audouard , D.Cachard , A.Jacquier , S.Mouton , S.Joubert
L'épopée des " Castors juniors "
" 46/47 !!!
Guy Segol , Robert Monclar , Yvon Michel
Jean Robert , Henri Goy
Stade Paul Rascle Privas
Finale de la coupe de l'ASPTT
De gauche à droite les deux équipes finalistes , Le Puy et le Collège Classique
Photo Collection Guy Segol
A droite les " Castors juniors "
Guy Segol , Paul Delolme , André Veyssier , Leyris , Jean Robert , Pierre Dufaud , Henri Goy , Robert Monclar
" L'équipe junior du Collège ( les Castors ) aprés avoir battu deux grosses équipes seniors : Tain ( avec Sahy futur international ) et Crest se retrouve en finale contre l'équipe du Puy dans laquelle jouait le préfet de Haute Loire Edgard Pisani futur ministre du Général De Gaulle . Fatigués par les deux rencontres précédentes l'équipe du Bahut s'inclina logiquement .
Pour la petite histoire : Robert Monclar fit le pari d'aller toucher la barbe du Préfet , ce qu'il fit ... La main du futur capitaine del'équipe de France caressant la figure d'un futur ministre de la France qui l'aurait cru !!! "
1945/46
L'équipe cadet
Paul Delolme , Robert Monclar , Guy Segol
Jean Robert , Henri Goy
De retour en 2004 au banquet des collègiens à Alissas
Encercler ses trois copains n'est pas un problème pour le (trés ) grand Robert Monclar ...
Léquipe d'athlétisme au stade Dugradus à Aubenas
Monsieur Jean Oisel , professeur
des Sciences physiques ...
Dans sa mythique classe du " 14 "
5 Juillet 1944 la bataille du Cheylard
par Guy Segol , 16 ans , èlève du Collège classique
Sa rédaction , intégralement reproduite ci - dessous , a obtenu le premier prix du Département de l'Ardéche en 1945 .
Dés le 6 Juin 1944 jour où les troupes alliées , forçant le barrage de la Manche , ont débarqué en France , de toutes les régions du pays surgissent des foyers de résistance qui se battent contre l'Allemand .
Ma petite ville , le Cheylard , fut dés le premier jour , un centre assez important de la Résistance . L'école publique où habitent mes parents abritait la nouvelle préfecture de l'Ardéche . Dans les châteaux voisins il y avait le Quartier Général et les Etats-majors ; dans les écoles , des infirmeries , des dortoirs avaient été aménagés . et même les hôtels étaient remplis d'officiers . Tout le monde était gai et aucun nuage ne semblait devoir assombrir cette joie que tous manifestait et pourtant ...
Le Mercredi 5 Juillet au matin deux avions passent , tournent , retournent sur la ville puis partent aussi rapidement qu'ils sont venus . Ma mère , sage et clairvoyante , me dit que cela pourrait bien ètre les signes précurseurs d'un orage . Moi , ces paroles me laissent daéns l'indifférence car j'ai une confiance absolue dans le " Maquis " .
Mais hélas ! Ce ne fut pas seulement l'annonce d'un orange mais d'un ouragan , d'un cyclone de fer et de feu qui devait plonger Le Cheylard dans la misére et la douleur .
De nouveau à midi les avions reviennent tournoyer au dessus de nos têtes . Nous allons , ma mère , mon petit prére et moi nous abriter sous des acacias derrière la maison .; moi j'y vais sans grande conviction . Soudain un bruit effrayant nous glace d'effroi : " tac , tac , tac , boum !!!! " les allemands , dans leur avion invulnérables , mitraillent et canonnent la bourgade . Alors , cette fois , j'ai compris et mon superbe optimisme de tout à l'heure s'est envolé comme par enchantement . Nous sommes environ quatre-vingt sous ces acacias , tous à plat ventre , faisant corps le plus possible avec le sol nous attendant à chaque instant a voir nos compagnons tués , broyés par les balles meurtrières . Et là-haut dans le ciel les avions continuent leur ronde infernale . Une heure se passe et les lugubres ronronnements se perdent dans le lointain . Vite nous prenons quelques effets , de l'argent et nous nous hâtons vers la maison de ma grand - mère qui a la chance d'avoir une cave voûtée ; nous craignons un retour possible des avions .
Ouf ! nous y voici, mais qu'est ceci ? Des ceépitements , des sifflements de balles se font entendre dans la montagne : " Les boches sont là il faut que les hommes partent... ". Voilà les paroles que crient les jeunes du maquis . Aussitôt mon pére prend son sac , nous embrasse fortement et part dans la montagne . Une demi - heure aprés nous le voyons revenir tout essouflé : " j'ai réfléchi , je ne veux pas vous laisser seuls ici , il faut que vous veniez avec moi " .
Nous prenons fébrilement deux ou trois sacs et nous fuyons vers la montagne , sous le crépitement ininterrompu des armes automatiques . Partout les gens courraient affolés . Comme nous arrivions devant un abri , une cave d'un château , voilà de nouveau les avions qui reviennent ; nous nous précipitons dans l'abri qui était rempli de monde . Nous retrouvons là une colonie de petits marseillais , des amis de l'école . C'est deux heures de l'aprés midi . On devra rester dans l'abri pendant dix huit heures . Des soldats , des patriotes , partent vers la montagne , ce qui ne nous encourage pas . Et toujours on entend le crépitement des balles , le sifflement des obus , enfin une succession de bruits qui nous abat , nous démoralise , nous effraie . Papa , malgré les appels de maman et les miens sort devant la porte de l'abri avec deux autres instituteurs . Soudain nous les voyons lever tous les trois les bras en l'air et des mots étrangers quoique connus frappent nos oreilles ; les allemands sont là . Notre sort est entre leurs mainsou plutôt nous sommes à la merci de leurs mitrailettes . Enfin ils demandent s'il n'y a pas de terroristes dans l'abri , ils acceptent nos dénégations , nous disent de ne pas bouger . Mais ils emménent les trois hommes . Je crus alors que je ne verrai plus mon pauvre papa , maman aussi puisqu'elle s'évanouit .
Instants tragiques où je m'abandonnai à ma douleur et à mon désespoir ! Cinq minutes aprés la porte de l'abri s'ouvre et qui vois-je apparaître ? Mon père , mon cher papa vivant ! Il nous embrasse , je suis fou de joie , je pleure la tête appuyée sur l'épaule de mon pére . Vous ne pouvez pas savoir le choc que fait le retour d'un étre aimé qu'on a cru perdu à jamais .
Maintenant la nuit est venue , je monte dans une chambre du château . Oh ! Quelle vision horrible m'apparut à la fenêtre ! Le vieux quartier brûlait , des flammes immenses trouaient l'obscurité , crépitaient sinistrement . Et partout les balles sifflaient , lesmitraillettes allemandes installées dans les rues crépitaient sans arrêt . Dans la campagne la bataille se continuait et des éclairs illuminaient les champs . Des fusées éclairantes sillonnaient le ciel . Oh quelle nuitnuit affreuse ! quelle nuit abominable nous avons passée !
Le lendemain un soldat allemand nous dit que nous pouvions rentrer chez nous . Nous nous empressons de lui obéir . Nous sortons tout pâles , défaits , sales ; nous passons au milieu des barbares qui nous regardent dédaigneusement . Là ils chargent un canon sur un camion ; là on soigne des blèssés . Enfin nous arrivons à l'école ; oh ! joie ! il n'y a rien eu et pourtant c'était la Préfecture . Nous enjambons des fils coupés , des voitures déteriorées , brisées , gisent le long de la route . Le ciel est bleu et pourtant il semble gris , tant la fumée des maisons qui brûlent est dense ; des corps affreusement mutilés sont allongés de chaque côté de la route . Les vandales sont passés par là !
Et pour comble d'ironie , la nature indifférente repose , sous un soleil ardent les oiseaux chantent .
Mon Dieu ! que l'humanité est mal faite ! que les hommes sont bêtes , insatiables et mèchants !
Espèrons de tout notre coeur que le monde futur changera de morale et de mèthode . Puisse nos enfants et nos petits-enfants jouir enfin d'une paix tant attendue et méritée ...
Guy Segol
Le Collège , Privas Octobre 1944
Bahut suite :
http://cercledeseleves.e-monsite.com/pages/mes-pages/like-a-bird-monsieur
Commentaires
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- 1. jean-paul Perrier Le 25/09/2020
Merci
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